Blog de Laurent Bloch
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Rappel de la discussion
Raison critique et autonomie
Jean-Pierre Castel - le 21 février 2021

Cher Monsieur,

Félicitations et merci pour ce blog. J’aurais une question sur votre article Raison critique et autonomie. Après avoir montré que la laïcisation, c’est à dire le passage de l’hétéronomie à l’autonomie, avait eu lieu une première fois en Grèce, vous écrivez plus loin « les distinctions entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel, entre clercs et laïcs, la notion même de laïcité n’ont de sens que dans un contexte chrétien ». Si on entend par laïcité la séparation de l’Etat et de l’Eglise, sans doute, mais si on considère la laïcisation comme l’autonomisation du politique par rapport au religieux, ou encore comme on l’a dit plus haut le passage de l’hétéronomie à l’autonomie, elle a été expérimentée dans la fort peu chrétienne Grèce classique. Qu’avez-vous voulu dire avec cette phrase ?

Si je vous ai posé la question c’est que je crois utile de combattre le discours, développé depuis Fustel de Coulange jusqu’à Marcel Gauchet en passant par Aristide Briand, selon lequel la laïcité serait un héritage chrétien. Le christianisme est profondément hétéronomiste (par la Révélation, la transcendance, Jean 19, 11, Rom 13, 1, ...). L’autonomie de l’individu et du politique a toujours été combattue par les chrétiens, jusqu’au refus par l’Eglise pour cette raison de ratifier la Déclaration des droits de l’homme. Les versets "Rendez à César..." et "Mon royaume n’est pas de ce monde" impliquent la distinction et la hiérarchisation du temporel et du spirituel mais non l’indépendance du premier par rapport au second, explicitement démentie en effet par Jean 19, 11, Rom 13, 1. Quant à cette distinction du temporel et du spirituel, elle n’a pas non plus été inventée par le christianisme puisqu’elle existait déjà dans le judaïsme (les Rois versus les Juges puis les Prophètes), dans la république romaine (sous la forme de la distinction entre la potestas et l’auctoritas) et enfin et surtout dans la démocratie athénienne, où l’autorité émanait de l’ecclesia ( !), l’assemblée du peuple, l’organe politique suprême.

La laïcisation de la pensée eut lieu une première fois en Grèce, de manière peu conflictuelle compte tenu du pluralisme naturel de la pensée grecque. Elle se développa une deuxième dans l’Europe chrétienne à partir de la fin du Moyen-Âge contre l’Eglise, par un retour non pas à telle ou telle pensée chrétienne, ce monothéisme de la vérité qui au contraire la combattra, mais par un retour au pluralisme antique, qui s’épanouira avec la Renaissance.

Raison critique et autonomie
Laurent Bloch - le 21 février 2021

Sur le fond de la question : le mot laïc appartient au vocabulaire chrétien. Comme le mot confession : parler de confession juive ou musulmane est un peu étrange, sans parler de confession bouddhique. Il me semble (mais je n’en mettrais pas ma main au feu) que même dans la Grèce de Périclès pouvoir politique et religion étaient indissolublement liés, même si existaient des espaces de pensée autonome. Ainsi pour le tirage au sort des magistrats, dont on parle en France actuellement : être tiré au sort, c’était être choisi par les dieux, rien à voir avec la signification d’une telle pratique aujourd’hui.

PS : j’imagine que ce ne sont ni les SI ni l’ENSAE qui vous ont amené à ces questions ?

Alors en fait si, en partie : si on fait de l’informatique
sérieusement, et que l’on réfléchit à ce que l’on fait, on est vite amené sur le terrain philosophique, comme le montrent les débats récents sur l’intelligence artificielle. Et puis j’ai connu de proches disciples de Cornelius Castoriadis, et à force de subir leurs réfutations je me suis décidé à lire cet auteur (qui a quand même un petit biais hellénophile).

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