Lady Macbeth de Mzensk
Bonsoir Laurent,
Je retrouve un peu tardivement les remarques que t’a inspirées Lady Macbeth de Mzensk.
J’aime beaucoup les musiciens russes, notamment Chostakovitch, et leur grandiloquence😀.
Comme toi j’avais été sonnée par la nouvelle de Leskov.
Cette version de Lady Macbeth de Mzensk est je crois la 3e que je vois et j’ai été stupéfaite du caractère très explicite de la scène de sexe. Alors je suis allée chercher dans le livret : c’est moins explicite mais un critique dit quelque part que la musique rythme là scène. Bon, c’est donc voulu...
Dans ses Mémoires, on trouve que DC voulait faire une trilogie sur la situation de la femme russe. Il dit :
« Bien qu’étant une meurtrière Katerina n’est pas un être humain déchu.(...) je voulais montrer une femme nettement supérieure à ceux qui l’entourent. Car il n’y a que des brigands autour de Katerina (...) Personnalité remarquable, brillante, sa vie est triste. Mais voici qu’apparaît l’amour (...) un crime vaut la peine d’être commis au nom de cet amour. »
Et même trois crimes, bigre, et quatre dans la nouvelle de L. On est loin des héroïnes plaintives de certains opéras.
DC était tellement séduit par Katerina qu’il a dédié l’œuvre a sa fiancée... qui en bonne Russe ne devait pas avoir froid aux yeux. Ce qui valait mieux, vu l’époque.
Après 2 ans de succès, un article de 36 dans la Pravda condamna ce « galimatias musical ». Staline avait une autre idée de la femme russe et DC attendit chaque nuit avec sa petite valise qu’on vint le chercher. Ce qui ne se produisit pas, chance ou circonstances favorables puisque ses œuvres de la guerre galvanisèrent les sentiments patriotiques.
Et pour finir d’étaler ma culture chostakovienne, Aksinia n’est pas la femme du patron mais la servante qui fricote avec lui, bien obligée. Les ouvriers ne la violent pas explicitement dans le livret mais la lutinent avec un entrain que Warlikowski a sans doute poussé un peu plus loin que ne le voulait l’auteur, allez savoir...