L’Internet, tentative d’explication
Bonne initiative Laurent. Je crains toutefois que les dirigeants (ta cible) ne lisent pas ton article, car ils sont peu nombreux à vouloir soulever le capot du moteur. Ce qui les intéresse est ce qu’ils peuvent faire d’internet ; encore qu’il soit préférable de partir du problème (développement, marge, concurrence, innovation, management, recrutement...) plutôt que du moyen ou des solutions... défaut de beaucoup de fournisseurs informatique (HW, SW et services) qui mettent la charrue avant les bœufs !
Quand on parle technique informatique aux clients, ça me rappelle les années 90 ou commercialisant les premiers hub 10-base-T (i.e. Ethernet paires torsadée) qui valaient 20 KF, les marketeurs de notre entreprise nous avaient fait une vingtaine de slides pour que nous expliquions à nos clients la technologie CSMA-CD (face au concurrent Token-Ring) et les différences entre 10-base-5, 10-base-2 et 10-base-T. A la fin d’une de mes réunions client, mon interlocuteur m’a dit : votre machin c’est une multiprise Ethernet, peu m’importe comment ça marche.... A partir de ce jour je n’ai plus parlé que de la fonction multiprise de nos hubs 12 prises RJ45 et j’ai gagné beaucoup de temps et beaucoup plus d’affaires, car j’étais compris par tous.
Merci de ta contribution, Jean-Philippe. Je ne comprends que trop bien l’expérience commerciale que tu rapportes, mais l’obscurantisme de tes clients d’alors n’a pas d’excuse. Lors de la seconde révolution industrielle, disons la première moitié du XXe siècle, l’honnête homme se faisait un devoir d’avoir quelques lumières sur le fonctionnement d’une centrale hydroélectrique, d’un moteur à combustion interne, d’une machine à vapeur, d’un four Martin, etc. Utiliser professionnellement des appareils dont on ne veut rien savoir du fonctionnement, cette attitude a un nom : le sous-développement. Je crains que ce ne soit ce qui nous attend. Et mes quelques expériences internationales, sans aller plus loin que la Belgique, l’Allemagne ou la Suisse, me suggèrent que les milieux dirigeants français manifestent une suffisance particulière.
Je n’aurais pas que des louanges à entonner à la mémoire de Georges Pompidou, mais au cours des années 1960 et jusqu’en 1974, en France, nous avions des leaders industriels, Matra pouvait être champion du monde de Formule 1, le CEA était à la pointe mondiale pour le nucléaire, le consortium Unidata était prometteur, le TGV, Concorde, Airbus, Péchiney... Tout cela a été liquidé par des gestionnaires à courte vue.