Blog de Laurent Bloch
Blog de Laurent Bloch

ISSN 2271-3980
Cliquez ici si vous voulez visiter mon autre site, orienté vers des sujets informatiques et mes enseignements.

Pour recevoir (au plus une fois par semaine) les nouveautés de ce site, indiquez ici votre adresse électronique :

Forum de l’article

Le Nom de la Rose

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Rappel de la discussion
Lecture du « Nom de la Rose »
Pascal Ordonneau - le 23 novembre 2022

Cher Laurent,

J’ai été frappé par ton commentaire sur ce merveilleux roman. C’est peu de dire que je ne l’ai pas lu comme tu le commentes. Je l’ai lu d’une seule traite (ou pratiquement), fasciné par un fantastique roman policier lisible sur trois niveaux ; ce n’est pas pour rien que le héros est un Baskerville. Un enfant de sir Arthur Conan Doyle en quelque sorte. Tout est admirablement disposé pour que la recherche de la vérité, du crime et des coupables se déroule sur fonds de terreur et d’humour. (j’ai en particulier eu de francs fous rires quand, au détour d’une page, le héros ou un autre se voit attribuer ces propos « il dit… » deux points et … s’ensuivent trois pages en latin d’église ou bien quelques notes en hébreu, renvoyant son lecteur aux moines copistes qui lorsqu’ils tombaient sur du grec inscrivaient en marge de la copie : « graecum est non legitur ».

J’ai été passionné par ces débats terribles entre maîtres de la parole et de la pensée, qui m’ont confirmé que les querelles d’idées sont infiniment redoutables et terriblement fondatrices. C’est alors que les peintres italiens renversent le regard qu’il faut porter sur le monde. Giotto le fait redescendre sur terre. Quant au discours, il devient essentiel et dangereux parce qu’essentiel. Cioran ne disait-il pas que les religions ont fait plus de morts que les conflits d’intérêts et on doit au prince de Bénévent, ci-devant Talleyrand-Périgord, « Donnez moi une phrase de n’importe qui et je me charge de le faire pendre » (mais ce pourrait bien être de Fouquier-Tinville ... et ce serait plus logique).

Dernier niveau enfin, les derniers débats idéologiques-théologiques dans un monde qui va bientôt disparaître. Il est intéressant de relever que tout ceci se déroule en Italie. Le monde n’avait pas encore achevé son basculement depuis la romanité vers la germanité et la pensée restait encore attachée à cette glèbe. Le débat dans cette abbaye en annonce la fin, la recherche du livre mystérieux et sa destruction ont pour pendant, la destruction de l’abbaye et le bûcher. La quête de Baskerville perd toute raison d’être, le monde n’est plus contenu dans le livre mystérieux, il doit être repensé.

Lecture du « Nom de la Rose »
Pascal Ordonneau - le 23 novembre 2022

Cher Laurent

l’esprit de l’escalier m’a saisi :

Le charme du livre d’Umberto Eco réside de beaucoup dans son aptitude à animer plusieurs sortes de lectures, dont celle toujours passionnée des spécialistes de certaines périodes, certaines histoires et certains personnages. Pour moi je me limite à remarquer que les deux visiteurs sont l’un britannique, l’autre autrichien, originaires par conséquent de la zone nordique de l’Europe qui va succéder à la zone italique dans l’expression d’une nouvelle pensée universelle.

Parmi les lectures du livre, il est intéressant de s’attacher au mystère que tisse Umberto Eco autour de la Poétique d’Aristote. Ultimement, le héros du roman est bien Aristote, et son arme fatale cet ouvrage perdu (si tant est qu’il ait été écrit) deus ex machina de l’ouvrage d’Umberto Eco. Mais ce qui m’a beaucoup frappé dans cette quête du livre caché/perdu tient à une idée : Baskerville, à la recherche de ce livre jusqu’à sa perte finale dans l’incendie de la bibliothèque, met à jour sans l’avoir cherché que c’en est fini d’un monde, celui qui était étouffé par les œuvres et pensées issues de l’antiquité et que de ses cendres vient de naître le nouveau monde des idées, de la pensée. L’ancien monde, celui de Platon et d’Aristote, à l’époque de Baskerville aura
vécu plus de 1500 ans. Au bout de ce temps formidablement long, tranquillement, sans se rendre vraiment compte de ce qu’ils sont en train de casser, au nord et au centre de l’Europe, des chercheurs découvrent que la terre tourne autour du soleil et que ce dernier n’est pas un objet parfait. Baskerville ne le sait pas encore, le livre qu’il cherchait ne sert plus à rien, un nouveau livre est en passe d’être écrit.

Derniers commentaires

quelques pensées a partager
Bonsoir Laurent, quand j’ai lu votre excellente chronique j’ai eu envie comme vos autres (...)

Comment en sommes-nous arrivés là ?
Merci Jean-François. Comment en sommes-nous arrivés là ? Justement, le livre de Jean-Pierre (...)

Il faut du courage
oui Laurent il faut du courage pour écrire un tel texte que, d’origine juive assumée, tu peux (...)

Diffusion du texte
Volontiers, d’ailleurs il est sous licence “Creative Commons”, CC-BY-ND :-)

Merci Laurent
... mais comment en sommes-nous arrivés là ?