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1.2.5 Construction du réseau

Pour la construction du réseau la date était favorable : il était déjà clair que les technologies à base de coaxial étaient en déclin, et le couple fibre optique - paire torsadée était suffisamment mûr pour être stable et bon marché tout en étant suffisamment jeune pour avoir de l'avenir.

Ce changement de technologie allait de pair avec un changement de topologie : aux structures en busc succédaient les structures en étoile ou en arbre d. En apparence ces nouvelles structures sont moins intéressantes parce que moins denses. En fait elles sont (sur un réseau local où la qualité de transmission est uniforme et bonne) les plus sûres parce qu'elles évitent le risque de formation de cycles, que le dysfonctionnement d'un sommet ne perturbe que lui-même et ses éventuels descendants, que la localisation des perturbations est (relativement) simple et que la portée des diffusions est facile à limiter.

Pour la conception de ce réseau nous nous sommes inspirés de la réalisation, à l'époque récente, de l'Université Carnegie - Mellon de Pittsburgh. Une boucle en fibre optique parcourt le campus en profitant des souterrains omniprésents et dessert le pied de chacun des dix-huit bâtiments principaux par un premier niveau de répartiteurs. De chacun de ces répartiteurs part une colonne en fibre optique qui dessert les étages du bâtiment et éventuellement les plus petits bâtiments, en cascade. À différents étages dans les bâtiments se trouvent les répartiteurs de second niveau qui abritent des routeurs associés à des répéteurs (hubs, souvent remplacés maintenant par des commutateurs) d'où part le câblage capillaire en paire torsadée (de plus en plus souvent de catégorie 5). Au total 4 km de fibre optique et 140 km de paire torsadée pour desservir 2 200 prises dédoublables. Les travaux ont duré 9 mois et il y a eu jusqu'à 50 techniciens et monteurs sur le chantier. Les Pasteuriens ont supporté avec une patience remarquable la perturbation de leur travail et l'occupation par des routeurs et des platines de jarretièrage d'emplacements auparavant dévolus aux centrifugeuses et aux congélateurs.

Un réseau ce n'est pas seulement du câble, c'est aussi des équipements actifs et du logiciel, et pas des plus simples. Côté équipements actifs, l'épine dorsale était exploitée en Ethernet. Sur le capillaire il fallait construire deux types de réseaux : Ethernet (souvent remplacé aujourd'hui par Fast Ethernet) et, pour inter-connecter les quelques cent-vingt réseaux de Macintosh présents à l'époque sur le campus, LocalTalk ou sa variante Phonenet. Pour ce qui est du logiciel, plus précisément des protocoles, on avait TCP/IP et Appletalk. Le réseau est divisé en sous-réseaux routés statiquement, ce qui permet les filtrages habituels (diffusions locales limitées, vol d'adresse (« address spoofing ») stérilisé).

Le partitionnement en sous-réseaux routés a un inconvénient : sa mise en \oeuvre et son administration nécessitent des compétences pour établir le plan d'adressage et le paramétrage des équipements actifs. En contrepartie, les avantages sont une sécurité accrue tant face aux pannes que face aux fausses man\oeuvres et aux tentatives d'intrusion, et un trafic réduit sur la plupart des segments. Typiquement, il y a du trafic vers les extrémités, entre les machines d'un même laboratoire, il y en a à la racine, là où se concentrent les accès aux serveurs et au point de passage vers l'Internet, et il y en a peu sur les parties intermédiaires du réseau.



Footnotes

... busc
La topologie en bus désigne en fait un graphe complet.
... arbred
C'est à dire en fait des graphes simplement connexes avec un seul chemin entre deux sommets.

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