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Installer Linux à côté de Windows, quatrième épisode
De plus en plus compliqué et difficile
Article mis en ligne le 25 novembre 2020

par Laurent Bloch

Cet article fait suite à des précédents, ici, , là aussi, à chaque fois les obstacles sont nouveaux et complètement différents, c’est ce qui fait le charme de cet exercice. Regarder les articles précédents peut être utile, parce que selon l’âge de l’ordinateur et la version du système de vieux problèmes peuvent ressurgir.

Après avoir grillé mon petit Asus Zenbook en lui infligeant des calculs trop intenses, j’ai dû acheter un nouvel ordinateur, Acer Swift 5 SF514-54T, équipé de Windows 10 et qui a le bon goût de peser moins d’un kilo. Plutôt que d’un disque classique, cet ordinateur est équipé d’une mémoire externe de type SSD (comme les clés USB mais bien plus rapide). À l’inverse de son prédécesseur, il ne considère pas la mémoire SSD comme si c’était un disque à l’ancienne, mais il utilise la nouvelle norme NVMe, qui procure de bien meilleures performances en tirant profit de la structure physique de la mémoire SSD.

Comme d’habitude je lance Ubuntu à partir d’une clé USB avec le projet de redimensionner les partitions pour installer Ubuntu, et là tout s’arrête immédiatement avec un message décourageant :

“This computer uses Intel RST. You need to turn off RST before installing Ubuntu.”

RST, Optane et AHCI sont sur un ordinateur

Qu’est-ce que Intel Rapid Storage Technology (RST), une technologie associée ici à une autre nommée Optane ou 3D XPoint ? Ce sont de nouvelles méthodes d’organisation et de gestion de la mémoire dont la description excéderait les limites de cet article, le lecteur pourra se reporter à Wikipédia (en anglais) pour en savoir plus. Brièvement, RST consiste à gérer une mémoire SSD selon les techniques RAID (Redundant Array of Independent Disks) pour optimiser les temps d’accès et la sûreté des données, méthodes implantées dans le microcode, ce pourquoi cela se paramètre dans le BIOS. Quant à Optane ou 3D XPoint, c’est une technique d’organisation physique de la mémoire qui permet d’améliorer les temps d’accès.

Pour installer sur un ordinateur construit avec RST et Optane un système incapable de les piloter, il faut se rabattre sur un mode gestion plus traditionnel, en l’occurrence Advanced Host Controller Interface, qui accède aux dispositifs SSD comme s’ils étaient des disques, c’est-à-dire sans bénéficier de tous les avantages de NVMe.

Donc, si j’ai bien compris, pour faire cohabiter Windows et Ubuntu sur cet ordinateur, il va falloir conserver les partitions Windows gérées selon les techniques RST et Optane, tandis que les partitions Linux Ext4 seront gérée selon les principes AHCI, et chaque fois que l’on voudra redémarrer la machine sous un système différent, il faudra faire une halte dans le menu de BIOS pour passer de AHCI à Optane without RAID ou inversement.

Une autre solution serait de convertir les partitions Windows RST à AHCI, c’est possible semble-t-il mais je n’ai pas osé me lancer dans une telle opération, de peur de détruire le système. Oui, je sais, il existe une partition de restauration, mais bon...

Références indispensables

Après quelques instants d’abattement je me tourne vers mon moteur de recherche préféré. Entre parenthèses, comment faisait-on avant que les moteurs de recherche existent ? Eh bien on passait des semaines à résoudre des problèmes qui prennent maintenant quelques heures, en téléphonant à des collègues (pas de mail !), en fréquentant les clubs d’utilisateurs, etc. Bref, je trouve du secours sur le Web :

 Ubuntu installation on computers with Intel(R) RST enabled ;

 Acer swift 5 2020 — Dual boot with Windows 10 and Ubuntu 20.04 ;

 Problème RST lors de l’installation Ubuntu 20.04.

La première référence donne une explication générale, la seconde une marche à suivre pratique, chacune donne quelques détails utiles.

Installer Ubuntu malgré tout

Je ne donne ici qu’un résumé d’ensemble, il est bon de consulter ces trois références mentionnées plus haut avant de se lancer à l’assaut de la procédure suivante :

 démarrer avec Windows ;

 redimensionner les partitions avec l’outil fourni par Windows, dont j’ignorais jusqu’à l’existence (il marche comme sur des roulettes) ;

 redémarrer la machine, et interrompre le processus pour entrer dans le menu du BIOS : sur ma machine cela se fait en appuyant sur la touche F2, mais d’un BIOS à l’autre c’est variable, imprévisible et horripilant ;

 une fois dans le menu du BIOS, sélectionner le menu Main (en général seconde colonne) ;

 une fois dans le menu Main, entrer la combinaison de touches magique Ctrl-S, qui fait apparaître de nouvelles options (c’est quand même un piège déloyal, mais c’est ainsi) ;

 parmi ces nouvelles options, aller à la ligne SATA Mode qui indique la valeur Optane without RAID ; appuyer sur la touche F5 modifie cette valeur pour afficher AHCI ; on peut aussi en profiter pour restituer aux touches de fonction leur... fonction, puisqu’il semble à la mode d’en faire par défaut des “Media Keys” ;

 la touche F10 permet d’enregistrer cette nouvelle valeur et de poursuivre la procédure de démarrage, où l’on pourra sélectionner le système Linux convenable, par exemple la clé USB d’installation d’Ubuntu.

Comme déjà dit, il faudra changer la valeur du paramètre SATA Mode à chaque changement de système.

Conclusion

S’il est désormais possible (et facile) d’avoir accès à Ubuntu sous Windows, installer Ubuntu à côté de Windows devient de plus en plus compliqué. Je suis bien d’accord que UEFI, Intel RST et 3D XPoint sont, au même titre que NVMe, des progrès techniques considérables, mais j’aimerais que leurs concepteurs collaborent suffisamment étroitement avec les développeurs du noyau Linux pour que ces innovations soient supportées par ledit noyau. Linux n’est plus un système marginal, la totalité des systèmes de calcul à haute performance (HPC) fonctionnent désormais sous Linux, ainsi qu’une proportion importante des centres de calcul des entreprises et de l’informatique en nuages, il serait temps de le rendre accessible facilement à l’utilisateur ordinaire pour son usage personnel ou professionnel.