À l’instant je sors de la trente sixième réunion du FRnOG, le FRench Network Operators Group, « groupe d’échange d’informations qui rassemble des personnes intéressées par les domaines de la sécurité, la recherche et le fonctionnement d’Internet en France. Le FRnOG veut contribuer à l’amélioration de la qualité des services Internet en France en permettant l’échange d’informations et plus généralement une meilleure communication entre les entreprises ou associations qui font l’Internet en France. » C’est ici. Le programme de la séance d’aujourd’hui est là. Elle se tenait comme de coutume à l’hôtel Intercontinental, à côté de l’Opéra.
Comme d’habitude quelques cinq cents participants, hélas très peu de femmes, moyenne d’âge autour de trente ans, essentiellement ingénieurs d’entreprises du secteur des réseaux et des télécommunications, ou indépendants du secteur. Si la légende court encore que les informaticiens choisiraient cette voie par goût du lucre, cela ne se manifeste en tout cas guère par leur costume : tee-shirt jeans baskets ou sandales sont de rigueur.
Le plus inquiétant a été proféré lors de la table ronde finale, qui a réuni Hugues Brunel (Fullsave), Albane Bruyas (Scaleway), Daniel Lheritier (GRDF), Raphael Maunier (F5), Raphael Maurice (Celeris) et Jérôme Nicolle (Ceriz) autour de l’infatigable animateur de l’événement, Philippe Bourcier : comme tout le monde, les opérateurs verront leur activité affectée par la hausse des coûts de l’énergie et par les coupures de courant, si ce n’est que l’arrêt du réseau, c’est l’arrêt de l’économie, de la culture, du travail, de l’éducation, etc. Mais, ce qui est plus surprenant, la crise d’approvisionnement en composants électroniques, dont le ralentissement de la crise du Covid laissait espérer la fin, sévit de plus belle. Les fournisseurs ne peuvent donner aucun délai de livraison pour les matériels de cœur de réseau, même à un horizon d’un an. De ce fait les opérateurs achètent tout ce qui passe à portée de la main, ce qui aggrave bien sûr la pénurie. Des industriels, notamment du secteur automobile, achètent des matériels de rebut pour les désosser, dessouder les composants électroniques et les incorporer aux véhicules neufs ; ainsi, des voitures neuves sont livrées avec des composants électroniques de cinq ou six ans d’âge, avec les risques de panne qui en découlent.
Les ingénieurs de Celeste nous ont expliqué comment allait se passer pour les entreprises l’extinction par Orange du réseau cuivre, qui implique le passage à la fibre optique. Comme on pouvait s’y attendre le dossier a été assez mal géré par Orange, qui sous le nom de France Télécom a reçu gratuitement de l’État le réseau existant. L’ARCEP est aujourd’hui présidée par Madame Laure de la Raudière, parfaitement compétente, mais qui doit rattraper les dégâts commis par l’équipe de son prédécesseur, notamment une réglementation aberrante pour le déploiement du réseau fibre résidentiel.
Maître Alexandre Archambault, avocat au barreau de Paris spécialisé dans les questions juridiques liées aux réseaux et à l’informatique, a fait le point sur l’accès des autorités administratives et judiciaires aux données de connexion : comme toujours, l’administration française rechigne à appliquer les règlements européens de protection des libertés individuelles, et trouve des moyens ingénieux pour les contourner.
Les représentants d’IP Directions nous ont exposé les principes du Mécanisme d’authentification du numéro de téléphone (MAN), imposé par la loi Naegelen du 24 juillet 2020 visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux. Les dispositions de cette loi seront en vigueur à partir de juillet 2023.
Vincent Bernat de Free, Alexis Lameire de Cegedim.cloud et Damien Garros nous exposent les principes des logiciels de pilotage et de surveillance de réseaux qu’ils ont réalisés. Mounir Michel Reguiai de Huawei nous parle des évolutions du protocole IP induites par la généralisation de l’infonuagique (cloud computing).