Blog de Laurent Bloch
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ISSN 2271-3980
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Crimes contre l’humanité ou génocides, procès de Nuremberg :
Retour à Lemberg
Un livre de Philippe Sands
Article mis en ligne le 23 mars 2020
dernière modification le 31 octobre 2023

par Laurent Bloch

Biographies, histoire et récits mêlés

Ce livre qui fera date est à la fois un récit historique solidement documenté et argumenté sur les crimes nazis à l’Est (principalement dans le Gouvernement Général de Pologne), la biographie croisée de deux juristes impliqués de façon décisive (mais contradictoire) dans le jugement des crimes nazis à Nuremberg, et un récit autobiographique de Philippe Sands, juriste français et britannique d’ascendance juive polonaise. Les événements sont replacés dans leur contexte historique avec concision mais sans omettre rien d’essentiel depuis le début du XXe siècle.

Les trois fils entrelacés qui composent le livre tiennent à la coïncidence suivante : les deux juristes qui se sont opposés sur la question de savoir comment caractériser les crimes nazis, Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin, et l’auteur, Philippe Sands, sont tous les trois rattachés d’une manière ou d’une autre à la communauté juive d’une ville de Galicie (région aujourd’hui partagée entre le sud de la Pologne et l’ouest de l’Ukraine) qui s’est appelée Lemberg à certaines époques, puis Lwów, et Lviv aujourd’hui. Les Juifs de Lemberg (et de Galicie) ont presque tous été assassinés pendant la guerre.

Les droits des peuples après la première guerre mondiale

Dès le XIXe siècle, les nationalismes naissants se heurtèrent à l’idée de protection des minorités. Ainsi, alors que les puissances d’Europe occidentale imposaient à l’Empire Ottoman l’autonomie, puis l’indépendance des peuples des Balkans, elles exigeaient en contrepartie des Roumains qu’ils accordent la citoyenneté aux Juifs qui habitaient le pays, ce contre quoi lesdits Roumains opposaient une vive résistance (quant aux Tsiganes, il n’en était même pas question).

La question se posa à nouveau à l’issue de la première guerre mondiale, lorsque les traités de Versailles, Trianon et Saint-Germain-en-Laye redessinèrent la carte de l’Europe centrale et des Balkans.

« Le Président Wilson proposa de poser comme condition à l’appartenance de la Pologne à la Société des Nations le respect d’un traité spécial garantissant le traitement égalitaire des minorités raciales et nationales. » Cette idée suscita l’opposition de la délégation polonaise à Versailles, dirigée par le pianiste Ignacy Paderewski, mais la nouvelle d’un massacre de civils juifs par des soldats polonais à Pinsk fit pencher la balance du côté de ce Traité des minorités, ce qui conféra la nationalité polonaise à tous les habitants nés à Lwów et dans ses environs ; c’était le cas de Lauterpacht et de Leon, le grand-père de Philip Sands.

La question du Traité des minorités créait une impasse : en l’absence d’un tel traité il était clair que les minorités seraient discriminées, mais le traité donnait un caractère institutionnel à leur statut à part, ce qui risquait de revenir au même.

« L’évolution intellectuelle de Lauterpacht coïncida avec ce moment déterminant. Engagé du côté du sionisme, il craignait pourtant le nationalisme. Le philosophe Martin Buber, qui vivait et enseignait à Lemberg, devint sa référence intellectuelle. Ce dernier s’opposait au sionisme, qui exprimait selon lui une forme déviante du nationalisme, et il pensait que l’établissement d’un État juif en Palestine opprimerait inévitablement la population arabe. Lauterpacht, qui suivait les cours de Buber, se sentit proche de ces idées. Ce fut un signal précoce de son scepticisme à l’égard du pouvoir de l’État. »

Procès de Nuremberg

« Réunis à Yalta en Crimée en février 1945, Churchill, Roosevelt et Staline prirent un certain nombre de décisions importantes. [...] Les responsables allemands seraient traités en criminels et jugés. »

« Trois mois plus tard, les combats en Europe cessèrent. Le 2 mai, Harry Truman, devenu Président à la mort de Roosevelt, nomma Robert Jackson à la tête de l’équipe chargée de l’accusation dans le procès des principaux criminels de guerre allemands. »

Les juristes se mirent au travail pour déterminer les chefs d’accusation, identifier les responsables nazis à faire comparaître, organiser le fonctionnement du tribunal. Les résultats de ces travaux préliminaires furent consignés dans la Charte de Londres du Tribunal militaire international ou Charte de Nuremberg.

La controverse : crimes contre l’humanité ou génocide ?

La qualification des crimes soumis au tribunal de Nuremberg fut l’objet d’un conflit doctrinal dont les deux protagonistes principaux furent Hersch Lauterpacht et Raphael Lemkin, tous les deux Juifs nés en Pologne annexée par l’empire russe, et qui avaient suivi les cours des mêmes professeurs de droit à l’université de Lemberg-Lwów-Lviv. Au moment du procès ni l’un ni l’autre n’avaient de nouvelles de leurs familles restées en Pologne, ils n’apprendront que plus tard qu’il n’y avait presque aucun survivant.

Pour résumer les termes du débat :

 Soit un officier qui décide de bombarder une position qu’il juge avantageuse pour son adversaire, un nœud ferroviaire par exemple, en sachant qu’il va ainsi provoquer la mort de nombreux civils : cet officier pourra être jugé pour crime de guerre.

 Si maintenant le commandement de l’armée en question ordonne le massacre systématique à grande échelle de populations civiles, par exemple pour dépeupler la région ou pour terroriser la population : ces actes pourront être qualifiés de crimes contre l’humanité.

 Considérons les massacres à grande échelle du paragraphe précédent : s’il est en outre établi qu’ils visent un groupe de population particulier, identifié par son appartenance nationale, ou sa religion, ou sa race (supposée), dans le but d’exterminer ce groupe : ces actes pourront alors être qualifiés de génocide.

Le terme de génocide, inventé par Lemkin, implique que l’on considère un groupe humain constitué. La locution « crimes contre l’humanité » a la préférence de Lauterpacht, fidèle à la tradition juridique qui préfère considérer des individus distincts, fussent-ils nombreux.

Lauterpacht aura gain de cause lors du procès : même si le mot génocide sera prononcé à plusieurs reprises lors des audiences, il ne figurera pas dans les attendus des jugements. Lemkin aura une revanche partielle lors de la promulgation, le 9 décembre 1948, de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, dont l’article 2 donne la définition juridique du terme :

« Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

 a) Meurtre de membres du groupe ;
 b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
 c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
 d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
 e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

Destins dramatiques

Le destin des personnages de ce livre est lié aux épisodes les plus dramatiques de l’histoire européenne au XXe siècle.

Hersch Lauterpacht et l’idée de crimes contre l’humanité

Hersch Lauterpacht est né en 1897 à Żółkiew (aujourd’hui Zhovkva), à 25km de Lviv. La famille Lauterpacht habitait dans la même rue que l’arrière-grand-mère de Philip Sands, Malke Buchholz. En 1910 la famille déménagea à Lviv, où Hersch commença ses études de droit en 1915, peu de temps après le départ de l’armée russe qui avait brièvement envahi la région. Ses premiers professeurs notables furent Julius Makarewicz, Maurycy Allerhand et Roman Longchamps de Bérier (ces deux derniers assassinés par les nazis, Allerhand parce que juif, Longchamps de Bérier parce qu’intellectuel).

En 1918 Lemberg-Lwów devint polonaise, Lauterpacht part poursuivre ses études à Vienne. En 1923 il se marie et émigre en Grande-Bretagne. Il enseignera à la London School of Economics et deviendra professeur à Cambridge. Dès le début de la guerre il multiplie les séjours aux États-Unis, rencontre le procureur général des États-Unis, Robert Jackson, nommé par Roosevelt, qui cherchait des arguments pour soutenir le Royaume-Uni, seul en guerre après l’effondrement français.

Le 2 mai 1945, le nouveau président américain, Harry Truman, nomme Jackson à la tête de l’équipe chargée de l’accusation contre les grands criminels nazis. Le 1er juillet, Jackson rencontre Lauterpacht à Londres et lui demande son aide pour surmonter les problèmes théoriques que posait l’établissement des termes de l’accusation. Lauterpacht avance la notion de « crime contre l’humanité », qui fera son apparition dans le réquisitoire. La formule avait déjà été employée en 1915 par les Britanniques et les Américains pour dénoncer les actions des Turcs contre les Arméniens, mais la déclaration n’était pas juridiquement contraignante. Le terme avait été de même utilisé dans les travaux de la Commission des crimes de guerre des Nations unies mais, là encore, sous une forme qui n’était pas juridiquement contraignante.

« Le procureur Hartley Shawcross, désigné par les Britanniques pour porter l’accusation en leur nom, demande à Lauterpacht de rejoindre son équipe à Nuremberg (Maxwell Fyfe, Khaki Roberts, Patrick Dean) où il a une influence majeure sur le discours inaugural du procureur britannique et la responsabilité d’une partie du plaidoyer final. Il s’oppose à l’intégration du concept de génocide promu par Raphael Lemkin, comme inutile, émotionnel, dangereux et impraticable. Il soutient que “les individus ont des devoirs envers la communauté internationale qui priment leur devoir d’obéissance envers l’État dont ils sont ressortissants.” »

Raphael Lemkin et l’idée de génocide

Raphael Lemkin est né en 1900 à Ozerisko, à environ vingt-deux kilomètres de la ville de Wołkowysk, actuellement en Biélorussie, à l’époque dans l’Empire russe, non loin de Białystock. « Un endroit situé à plusieurs centaines de kilomètres au nord de Lemberg, dans une région polonaise annexée par la Russie en 1795, un siècle plus tôt ». Son père Joseph est paysan, sa mère Bella a des aspirations intellectuelles et artistiques qui auront une influence décisive sur son fils. Il étudie le droit à Lwów, la philosophie à Heidelberg, et devient procureur à Varsovie en 1926.

Dans son adolescence Lemkin avait été impressionné par le massacre des Arméniens en 1915, « le plus grand crime de tous les temps » pour Henry Morgenthau, l’ambassadeur américain auprès de l’Empire ottoman. Il dira plus tard que c’est à ce moment qu’il a commencé à réfléchir au sens que prend la destruction de groupes humains en tant que tels. Dans ses mémoires il parle du procès, tenu à Berlin en juin 1921, d’un jeune Arménien nommé Soghomon Tehlirian, qui avait assassiné un ex-ministre du gouvernement ottoman, Talaat Pacha, principal organisateur du génocide, pour venger le meurtre de sa famille et des Arméniens d’Erzurum, sa ville natale. L’avocat de Tehlirian avait joué la carte de l’identité de groupe, et fait valoir que l’accusé avait vengé la « grande et patiente » famille des Arméniens. Tehlirian fut jugé « non coupable ».

Lemkin exprime son inquiétude sur l’équité de règles qui ont permis à la Turquie de maltraiter impunément tant de ses citoyens arméniens. Il doute des motivations de Tehlirian, « justicier auto-déclaré de la conscience de l’humanité », qui voulait assurer un ordre moral global. « Mais il est encore plus préoccupé par l’idée que l’assassinat d’Arméniens innocents demeurât impuni. Qu’en est-il alors, avait objecté l’un de ses enseignants, de la souveraineté, du droit des États de traiter leurs citoyens comme ils le souhaitent ? À proprement parler, le professeur avait raison : le droit international ne limitait pas le pouvoir des États. De manière tout à fait surprenante, aucun traité ne pouvait empêcher la Turquie de faire ce qu’elle avait fait : tuer ses propres citoyens. La souveraineté n’était pas un vain mot, elle était totale et absolue. »

Là n’est pas le but de la souveraineté, avait répondu Lemkin, elle doit être au service de la politique étrangère, de la construction d’écoles et de routes, elle doit assurer le bien-être des gens.

En 1929 Lemkin est procureur à Varsovie. En 1933 il prépare, en vue d’une réunion prévue à Madrid, une communication pour proposer de nouvelles règles internationales pour protéger « la vie des peuples » et promouvoir la « justice universelle », mais le ministre de la Justice lui interdit ce déplacement, sans doute sous l’influence d’une campagne menée contre Lemkin par la Gazeta Warszawska, le quotidien associé au Parti national-démocrate (antisémite) de Dmowski. Lemkin devra démissionner de son poste de procureur et devenir avocat.

« En l’espace d’un an, la Pologne signa [un] pacte de non-agression avec l’Allemagne et dénonça le Traité des minorités. Le ministre des affaires étrangères, Beck, dit à la Société des Nations que la Pologne n’avait pas tourné le dos aux minorités mais cherchait à obtenir un traitement analogue à celui accordé aux autres pays : si ceux-ci n’étaient pas tenus de protéger leurs minorités, il n’y avait pas de raison que la Pologne le fasse. »

Mobilisé en 1939, Lemkin participe à la défense de Varsovie, échappe à la captivité, rejoint sa famille à Wołkowysk. Il a la possibilité de gagner Stockholm par Riga, tente de convaincre ses parents de l’accompagner, mais Bella et Joseph préfèrent rester en Pologne. À Stockholm il reçoit du professeur Malcolm McDermott, dont il avait fait la connaissance à Varsovie, une invitation à le rejoindre sur un poste d’enseignant à l’université Duke, en Caroline du Nord, accompagnée d’un visa pour les États-Unis. Comme l’Europe occidentale est occupée par les Allemands, il fait au printemps 1941 le voyage par Moscou, le Transsibérien, puis de Vladivostok à Tsuruga au Japon, de Yokohama à Vancouver puis Seattle, puis en train jusqu’à la Caroline du Nord. Ses valises sont pleines de documents relatifs aux aspects juridiques de la domination nazie qui s’est abattue sur la Pologne, notamment tout ce qui concerne les décrets et les actes du Gouvernement général de Pologne dirigé par Hans Frank, un personnage particulièrement sinistre que nous retrouverons plus loin.

Dès son arrivée aux États-Unis Lemkin prit autant de contacts que possible avec des responsables politiques ou des universitaires pour leur expliquer la situation en Europe et les plans nazis pour ce continent. C’est d’ailleurs en cette même année 1941 que l’invasion de l’URSS par les Allemands, puis Pearl Harbor allaient venir corroborer ses analyses.

Pendant toute la période de la guerre et du procès de Nuremberg Lemkin s’efforcera de faire adopter l’idée et le terme de génocide, qu’il était très fier d’avoir inventés, mais il se heurtera à l’opposition de Lauterpacht, dont le style plus académique et la chaire à Cambridge inspirent le respect. Il convient aussi de signaler que les Américains, particulièrement les sénateurs des États du Sud, pouvaient craindre qu’un tel concept ne vienne à s’appliquer au sort des Amérindiens ou des Afro-Américains, et que les Anglais pouvaient éprouver de semblables réticences à cause des traitements endurés par les populations de leur empire colonial, voire de l’Irlande avant l’indépendance.

Lemkin aura sa revanche quand sa proposition de résolution pour une Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, présentée à l’Assemblée générale des Nations Unies, sera finalement soutenue par les États-Unis moyennant certaines modifications et approuvée à l’unanimité le 8 décembre 1948. Il mourra à New-York en 1959, au bord de la misère et quasiment oublié.

Miss Elsie Tilney, princesse Sofka Skipwith

Bien d’autres personnages hauts en couleurs habitent ce récit, par exemple deux héroïnes que j’évoquerai brièvement ici.

Miss Elsie Tilney, de Norwich, missionnaire chrétienne évangélique, qui pendant la guerre s’était consacrée au sauvetage des Juifs, au péril de sa vie, avait réussi à convoyer en 1939 la mère de l’auteur, Ruth, de Vienne à Paris, ce qui l’avait sauvée. Bien après la guerre (et 50 ans après sa mort) Miss Tilney fut nommée « Juste parmi les nations ».

La princesse russe Sofka Dolgorouka, plus tard mariée à l’aristocrate et pilote de chasse britannique Grey Skipwith. L’avion de Skipwith fut abattu par la chasse allemande, Sofka internée par les Allemands à Vittel, d’où elle fit évader de nombreux prisonniers juifs. Après la guerre elle milita au parti communiste britannique, puis se mobilisa pour faire venir en Angleterre des femmes françaises souhaitant procéder à une interruption volontaire de grossesse alors que c’était interdit en France. Elle aussi fut reconnue « Juste parmi les nations » à titre posthume.

Hans Frank

Parmi les responsables nazis jugés à Nuremberg Hans Frank, Gouverneur général de Pologne, était le plus étroitement associé à l’assassinat en masse des Juifs de la région, dont la presque totalité des familles de Lemkin et de Lauterpacht. Des six camps d’extermination du Reich, quatre étaient situés sur le territoire dont il avait la responsabilité, Treblinka, Bełżec, Majdanek et Sobibor.

« Dans l’une de ses premières interviews, Frank avait expliqué que la Pologne était désormais une “colonie”, et que ses habitants étaient les “esclaves du grand Empire allemand mondial” (les juristes berlinois cherchaient à s’assurer que les lois internationales gouvernant les territoires occupés ne seraient pas applicables – le Gouvernement général fut en effet traité comme une annexe du Reich, soumis donc à la loi allemande et non au droit international). »

Le régime que les nazis prévoyaient d’appliquer aux populations d’Europe de l’Est n’était pas différent de celui que la France et le Royaume Uni appliquaient aux populations de leurs empires coloniaux.

Le plus remarquable est que le fils du génocidaire Hans Frank, Niklas Frank, a publié en 1987 Der Vater (« Le père »), un réquisitoire contre son père, sans pitié ni pardon. « L’ouvrage brisa le tabou d’honorer la mémoire de leurs parents (et de ne pas faire trop de révélations) qui prévalait parmi les enfants des dirigeants nazis ». Et c’est ainsi que des années plus tard Philippe Sands et lui se sont rencontrés par l’entremise du traducteur de ce livre, Arthur Wensinger, sont devenus amis, et que Niklas a fourni à Sands les informations et les documents dont il pouvait disposer.

Histoire et population de Lviv (Lemberg)

Lors de sa fondation au XIIIe siècle par le roi de Galicie-Volhynie qui en fit sa capitale, Lemberg s’appelait Lviv. En 1386 elle devint polonaise sous le nom de Lwów, et le resta jusqu’au premier partage de la Pologne en 1772, lorsque la région dite royaume de Galicie et de Lodomérie fut annexée par l’Autriche, devenue plus tard Autriche-Hongrie, et où la ville reçut le nom allemand de Lemberg.

En 1918 l’armée autrichienne se retira de la ville, ce qui déclencha de violents combats entre Polonais et indépendantistes ukrainiens dont les juifs, pris entre deux feux, furent parmi les victimes. La Galicie dans son intégralité fut finalement rattachée à la Pologne quand elle recouvra son indépendance le 11 novembre 1918. Lemberg redevint Lwów. En 1939 le pacte germano-soviétique l’attribua à l’URSS sous le nom de Lvov, jusqu’à l’offensive allemande de 1941 où elle redevint Lemberg jusqu’à sa reprise par les Soviétiques en 1945. Enfin l’indépendance de l’Ukraine en 1991 lui rendit son nom original de Lviv.

À la veille de la seconde guerre mondiale la partie occidentale de la Galicie avait une population en majorité polonaise, cependant que la partie orientale était peuplée principalement d’Ukrainiens, avec à l’est comme à l’ouest une minorité juive nombreuse. Si Lwów était au cœur de la région principalement ukrainienne, la population de la ville était pour deux tiers polonaise et pour un quart juive. Lviv compte aujourd’hui près de 750 000 habitants.


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