Blog de Laurent Bloch
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ISSN 2271-3980
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Richesse du monde, pauvretés des nations
de Daniel Cohen
Article mis en ligne le 26 avril 2006
dernière modification le 3 mars 2008

par Laurent Bloch

Dans ce livre concis (160 pages) de 1997 Daniel Cohen prodigue des analyses lumineuses qui annéantissent les idées reçues à un rythme effréné.

Ainsi, il est important d’apprendre que le chômage massif qui frappe notre société n’est pas dû (ou seulement pour une part infime) à l’évolution du commerce international et aux délocalisations, mais bien à des évolutions internes de notre économie, qui fait de moins en moins appel au travail non qualifié.

Il est non moins important de savoir que les réductions de charges sociales et les incitations fiscales aux entreprises n’auront aucun effet pour réduire le chômage, parce que « les baisses de charges seront absorbées par les salariés qui ont déjà un emploi. » Seule « la lutte franche et radicale contre toutes les rentes de situation (c’est-à-dire tout l’arsenal de réglementations) qui permettent aux insiders de se protéger des outsiders » offre quelque espoir dans cette direction. Et pour faciliter la réintégration des plus démunis dans un espace social qui leur permette de trouver du travail, Cohen propose le recours à l’impôt négatif, seule façon d’aider sans stigmatiser.

Dans un monde qui s’enrichit à un rythme que l’humanité n’a jamais connu, Cohen part, avec René Dumont pour guide, à la recherche de « l’homme le plus pauvre du monde », qui est une femme, une femme africaine, dont le premier exploiteur est le mari. À l’esclavage des femmes s’ajoute l’exploitation des campagnes africaines par les villes, dont les mécanismes sont le détournement des offices de commercialisation des produits agricoles au profit des dirigeants, et le blocage de leurs cours pour éviter les révoltes urbaines. La corruption sans limites des dirigeants achève le pillage, dont on ne saurait bien sûr exonérer les puissances occidentales qui en sont au bout du compte les bénéficiaires. Seule la démocratie pourrait rompre ce cercle infernal, en arrachant aux dirigeants le « droit » de disposer de la richesse de leurs sujets.

Ce petit livre passionnant et dense ouvre aussi des perspectives nouvelles sur des sujets aussi variés que le divorce et la famille, le marché de l’art et celui de l’éducation. Il tient dans la poche, on peut le lire dans le métro sans encombre.