Blog de Laurent Bloch
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ISSN 2271-3980
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À propos de Google Print :
le scandale est dans notre cour
Article mis en ligne le 6 septembre 2005
dernière modification le 11 septembre 2005

par Laurent Bloch

Les clameurs d’indignation cultivée soulevées en France par l’annonce du projet Google Print me paraissent quelque peu ignorantes, à moins qu’elles ne relèvent d’une répulsion générale à l’égard de l’Internet.

Nous nous plaindrions que soient recensés et indexés des textes d’auteurs qui ont écrit dans notre langue : craindrions-nous qu’ils soient trop facilement accessibles ? que des lecteurs en langue française de pays lointains ou même de provinces reculées puissent accéder à des ouvrages jusque là réservés à ceux qui peuvent fréquenter les bibliothèques et les librairies du quartier latin ?

Que propose Google Print ? D’abord, des références de livre, et non l’accès au texte intégral, surtout s’il est protégé par le droit d’auteur. C’est très bien expliqué ici. Ce système permet donc surtout de retrouver la référence d’un livre, et ensuite de l’acheter ou de localiser une bibliothèque qui le posséderait. Google se défend de vouloir enfreindre les droits des auteurs et des éditeurs, au contraire le service qu’il propose permet de faciliter l’accès à leurs travaux.

Cela dit, lorsque les textes sont dans le domaine public, rien ne s’oppose à leur publication en texte intégral et en ligne, et de ce point de vue, le fait est que trop peu de textes en langue française sont accessibles sur le Net. Et pourtant : depuis au moins trente ans, le CNRS a un projet nommé Frantext, qui réserve l’accès de ses travaux aux abonnés. Là où le ridicule atteint son comble, c’est que pendant ce temps, aux États-Unis et plus précisément en 1992 à l’Université de l’Illinois, naissait le projet Gutenberg, qui, lui, numérisait à tour de bras des textes dans des dizaines de langues, dont le français. Comment croyez-vous que réagirent les maîtres de Frantext face à ce scandale démocratique ? ils obtinrent par des procédés occultes que les administrateurs de Gutenberg bloquent l’accès de leur site aux internautes français ! Cette barrière mesquine n’a heureusement pas résisté au développement de l’Internet.

Je ne saurais trop vous inviter à visiter le fonds français de Gutenberg, et les autres fonds aussi pendant que vous y serez.

Si la publication de textes français par des sites français existe néanmoins, nous le devons peu à ceux dont c’est la mission de service public, mais plutôt à des marginaux peu soutenus, comme la
Bibliothèque Universelle de l’Association des Bibliophiles Universels, fondée à l’initiative de Pierre Cubaud, ou encore au mécénat d’une société qui abrite un site de poésie française. Soyons justes, et n’oublions pas le magnifique site Gallica
de la BNF, et plus particulièrement son fonds de textes numérisés qui vient in extremis sauver l’honneur. Ah ! j’allais oublier une autre mine de trésors, le site Wikisource ! Et aussi : le site du département de français de l’Université de Weimar !

Pour d’autres lectures à propos de Google Print on pourra par exemple visiter formats-ouverts.org et Homo Numericus.


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