Les poings desserrés, un film parlant ossète [1] : je n’en avais jamais vu, impossible de résister.
Madame Kira Kovalenko a annoncé clairement son parti pris dans un entretien sur Allo Ciné : « Je voulais tourner en Ossétie, pas seulement parce que le sujet s’y prêtait, mais parce que je connais bien le Nord Caucase. ... Ce n’était absolument pas un lieu “cinégénique” et je me suis dit que c’était parfait, car je ne voulais rien qui soit beau, il ne fallait pas que le paysage exalte en quoi que ce soit le spectateur. » Je peux certifier que pour ce qui est de l’expulsion de tout élément de beauté, le pari est tenu, les événements les plus joyeux du scénario sont liés à l’énurésie ou à un AVC, sans oublier l’explosion d’une bombe dans une école lors d’une prise d’otages. Et pourtant le film est beau et émouvant, assez proche finalement de Tesnota – Une vie à l’étroit de Kantemir Balagov, son camarade de promotion à l’Atelier de cinéma d’Alexandre Sokourov en Kabardino-Balkarie, je vous le recommande.
La réalisatrice dit que l’idée de ce film lui a été inspirée par une phrase de Faulkner : « La plupart des gens ne peuvent supporter l’esclavage, mais aucun homme ne peut manifestement assumer la liberté ». L’héroïne, une jeune fille à la vie brisée entre son père et deux frères traumatisés par un passé insoutenable, croit trouver une échappée auprès d’un jeune homme, dont il s’avère vite qu’il n’a pas douze ans d’âge mental. Au début on se demande pourquoi les personnages se comportent de façon si aberrante, puis on comprend. Plus on avance, plus il est clair que rien ne sera jamais réparé. Au bout du compte c’est bouleversant.