Marie-Claire, MC ViDja de son nom de plume, est la fille d’une Française et d’un Algérien, parents violents, consommateurs et vendeurs de substances illicites, qui un jour, elle avait onze ans, décidèrent de s’en débarrasser, et que le plus commode était de la fourguer à leur famille algérienne, qui l’accepta comme une valeur à négocier sur le marché matrimonial local, bien qu’elle fût une « française » (forte connotation péjorative). Ce livre Otages en sursis (publié aux Éditions NomBre7) est son témoignage.
« On ne revient jamais d’outre-tombe comme on y est arrivée ! A l’aube de la fête nationale, que je prévoyais festive, un voyage surprise fit voler en éclats tous mes projets. Il emporta mes rêves et mes repères. Je tentais de me réveiller mais en vain ; cauchemar. Fatal kidnapping, un rapt parental. Le sort était fixé. Ankylosée entre mes deux rives, j’avais été jetée sur le bas-côté de la vie ; à la dérive. Otage, captive de leurs emprises, je me croyais en sursis. C’était sans savoir les sacrifices, les sévices et les renoncements qui m’attendaient. Adieu enfance, bonjour violence. Maltraitance et intégrisme, une situation digne de science-fiction encore inédite. Séquestrée dans cette impensable macabre prison, avec un surclassement en précariat, plus aucun horizon n’était en vue ; jusqu’au jour où ... »
Et pourtant, dans cette famille algérienne, elle trouva de la chaleur humaine, chez sa grand-mère, chez une tante... Mais aussi la séquestration, le port du voile obligatoire, les coups. Très tôt elle réfléchit à des moyens d’évasion, une première tentative échoua et fut suivie de représailles, la seconde fut la bonne, mais là elle se heurta à un nouvel ennemi : l’administration française, en l’espèce l’ambassade, qui mit tout en œuvre pour qu’elle n’obtienne ni papiers ni même identité. Après deux ans de démarches acharnées, elle put enfin atterrir à Orly, où à la surprise des autres voyageurs elle s’agenouilla pour embrasser le tarmac.
Mais si elle avait échappé à un oncle intégriste séquestrateur violent, elle n’en avait pas fini avec l’administration française. Une assistante sociale lui affirme, à tort, que son bac algérien ne lui permet pas de s’inscrire dans l’école d’ingénieurs qui avait accepté sa candidature, alors elle passera deux ans à faire des ménages et à tenir des caisses de supermarchés avant de trouver enfin le chemin de l’université.
Je saute les péripéties que vous lirez, je vous le conseille vivement, dans ce livre de témoignage à fleur de peau. Aujourd’hui MC ViDja a soutenu avec brio une thèse en langue et civilisation arabe, qu’elle enseigne dans diverses institutions, parce que l’université ne lui donne pas le poste auquel ses travaux devraient logiquement lui donner accès.